Un poste improbable et une flèche mémorable

Voici le décor, perché sur un mirador à l'angle d'une jeune sapinière, je vois toute la battue et forcément toute la battue me voit. Les fougères sont encore très hautes au point de cacher les traqueurs, une clôture électrique de protection borde la parcelle à ma droite, à ma gauche mon voisin c'est avancé d'une vingtaine de mètres dans la traque.

Une jeune sapinière et ses fougères

Mes angles de tir sont restreints, une vingtaine de degrés devant et derrière c'est un grand pare-feu où les animaux seront à la course, donc le tir est impossible pour moi. Je décide de contempler la battue et m'installe confortablement.

La parcelle électrifiée est traquée en premier, aucun animal n'est levé, les traqueurs sont déçus. Ils attaquent la plantation et disparaissent dans les fougères.

A peine ont-ils pénétré dans l'enceinte que les chiens donnent de la voix, des cervidés sont annoncés mais la voie les emmènent à l'opposé de mon poste.

Cependant, un animal se dérobe en retour et au bruit des fougères, je sais déjà que c'est un grand cervidé. Il est à trente mètres mais il n'est toujours pas identifiable. Il avance tranquillement dans ma direction, il n'est pas inquiété par les chiens.

Il finit par se présenter à moi à une dizaine de mètres, un magnifique daguet, j'arme. Je ne vois que ses grandes perches, il est complètement caché sous les fougères, il s'arrête au bord de la clôture électrique.

Je ne peux pas tirer car mon voisin de poste est dans la ligne de mire. Je me revois encore me dire : "Mais comment vais-je pouvoir le tirer, je n'ai aucune fenêtre de tir, la zone vitale est complètement cachée !"

C'est là que les fractions de secondes semble des secondes, les secondes des minutes...

Toujours armé dans ma zone possible de tir d’une vingtaine de degrés devant le mirador, j'observe son comportement et fini par me dire qu'il va passer la clôture ou passer la ligne à la course sans que je puisse tirer, je commence à désespérer.

C'est là que St Hubert m'a entendu, l'animal pivote et vient me trouver au pied du mirador. Il relève la tête à moins de cinq mètres, mon point de visé était déjà sur son poitrail, je n'ai plus qu'à presser la détente du décocheur.

Le tir est très fichant, je sais que ces flèches sont redoutables à très courte distance.

Il s'écroule littéralement sur place sans aucun mouvement de fuite et rend son dernier souffle en poussant un léger râle ensanglanté. Une immense stupéfaction mêlée à une forte émotion m'envahit comme vous pouvez l'imaginer.


Il est là, allongé sur place devant moi

Comme la plupart des chasses, la mort du cerf est annoncée par le plus grand nombre de coups taïautés. Je dois maintenant sonner.

Sept coups.

Il faut sonner sept coups brefs, je peux vous assurer que c'est pratiquement impossible quand on est sous le coup de l'émotion.

Je donne plusieurs coups brefs, plus de sept, sûrement, puis un taïaut ou plutôt une ritournelle, je ne sais plus...

Mon plus proche voisin, Eric, a vécu la scène par procuration, il me crie : "J'ai tout entendu ! Bien joué Christophe !"

Mes voisins éloignés ont vu toute la scène et me lancent déjà leurs félicitations en brandissant les mains en l'air, c'est soudainement très animé autour de moi, place aux honneurs.



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Merci à ceux qui savent !
Christophe C.